[Economie] Nucléaire VS Energie renouvelable : la solution française serait en train de perdre la bataille

Reprenons les calculs :

Je vais faire une distinction entre éolienne terrestre et maritime. Je parts sur un champ d'éoliennes terrestres de 3 MW à 50 000 € pièce et 33% de moyenne de production sur 20 ans. Pour les maritimes 3 MW à 250 000 €/MW et 42% de production sur 20 ans. Je vais aussi mettre le coût pour les réacteurs nucléaires de 1350 MW et 1450 MW. J'arrondi les résultats.

300 €/GWh - éolienne terrestre (plus réaliste qu'avec les premiers chiffres)
3400 €/GWh - éolienne maritime
3500 €/GWh - réacteur nucléaire de 910 MW
2400 €/GWh - réacteur nucléaire de 1350 MW
2200 €/GWh - réacteur nucléaire de 1450 MW

Pour la surproduction liée aux réacteurs nucléaires, il existe 3 actions principales :
- Arrêt de certains réacteurs en dehors des mois d'hiver pour le rechargement en combustible et divers travaux d'entretiens (les fameux 2 mois tous les 18 mois de mon calcul).
- Ce que vous semblez appeler les STEP (remontée d'eau en altitude pour production ultérieur, environs 2.5 GW installés).
- Revente à l'étranger (c'est le plus gros poste)

Pour connaitre tous les chiffres en temps réel, vous pouvez télécharger l'application RTE-eCO2mix sur Android et probablement aussi sur iOS.
 
Merci ThierryH ThierryH on voit plus clai

Tu as calculé comment le coût de démantèlement des centrales nucléaires ? Tu as pris l'hypothèse du 60 milliards d'euros d'EDF sur l'ensemble du parc ?
 
Au fait, au début de ma carrière professionnelle, j'ai travaillé pendant 13 ans dans le nucléaire. J'écrivais des logiciels de mesure de radio-activité. J'ai en particulier développé un logiciel de spectrométrie gamma qui était l'un des deux les plus vendus en France. Le CEA m'a demandé d'y ajouter un module qui intégrait leurs calculs de correction pour mesurer la radioactivité déposée à l'intérieur des tuyaux de réacteurs.
Ce logiciel a, entre autre, servi lors du démantèlement des premiers réacteurs de production d'électricité, ainsi que pour le démantèlement du réacteur du premier sous-marin à propulsion nucléaire.
 
Ceci dit, je pose une question aussi sur le nucléaire. On parle beaucoup du coût supplémentaire généré par l'intermittence, mais comment on gère aujourd'hui le surplus de l'électricité produit la nuit par les centrales nucléaires? Car ces derniers ont très peu de marge de modulation de puissance et on ne les met pas à l'arrêt la nuit? o_O (OK il y a les radiateurs électriques...mais l'été?)
On tourne le bouton :
Suivi de charge — Wikipédia
 
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Après avoir lu Quelle est la durée de vie d’une éolienne ? je reste quand même sur ma faim. Qu'est-ce qui fait qu'il faut les démanteler aussi rapidement ? Un alternateur dure très longtemps (et se révise s'il est défaillant), les paliers ou roulements se changent, etc ...
C'est l'acier des pales qui fatigue ? Ou se corrode ? L'acier du pilier ? Le béton qui supporte le pilier qui vieillit trop vite ?
Cette durée de vie me parait vraiment courte. Les ponts aussi subissent de fortes contraintes, et on en trouve aussi en milieu maritime ... sans parler des bateaux, faits d'acier.

Est-ce que par hasard les éoliennes ne seraient pas tout simplement sous-dimensionnées au regard des paramètres mécanique de résistance au vieillissement et aux contraintes ? Juste pour réduire leur coût ?
 
....comment on gère aujourd'hui le surplus de l'électricité produit la nuit par les centrales nucléaires? Car ces derniers ont très peu de marge de modulation de puissance et on ne les met pas à l'arrêt la nuit? o_O (OK il y a les radiateurs électriques...mais l'été?)
Cette histoire de "peu de marge de modulation de puissance des centrales nucléaires" est une légende urbaine propagée, au départ, par les anti-nucléaires de Greenpeace.
Si c'etait vrai, nous aurions assisté, depuis 40 ans, à une explosion de mises en service de STEP, or, en France, il n'en existe que SIX.
 
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J'ai pris ton 1 milliard par réacteur.

OK. Ce chiffre était parti d'une approximation sur l'hypothèse de EDF : 60 milliards € le coût du démantèlement pour 58 réacteurs, donc la puissance totale est de 63 GW. Cependant la commission estime que ce chiffre, sur le terrain, devrait être doubler.
À toi de voir s'il faut aussi revoir le calcul par €/GWh qui me paraît plus judicieux?

En revanche, notons que pour le coût du démantèlement des éoliennes offshore, j'ai pris le chiffre maximal estimé par le chercheur.
On lui a filé aussi un chiffre qu'il a estimé nécessaire de doubler.

OK merci, je ne savais pas que depuis on arrive à moduler la puissance électrique jusqu'à 80%. C'est très bien ainsi.

Après avoir lu Quelle est la durée de vie d’une éolienne ? je reste quand même sur ma faim. Qu'est-ce qui fait qu'il faut les démanteler aussi rapidement ? Un alternateur dure très longtemps (et se révise s'il est défaillant), les paliers ou roulements se changent, etc ...
C'est l'acier des pales qui fatigue ? Ou se corrode ? L'acier du pilier ? Le béton qui supporte le pilier qui vieillit trop vite ?
Cette durée de vie me parait vraiment courte. Les ponts aussi subissent de fortes contraintes, et on en trouve aussi en milieu maritime ... sans parler des bateaux, faits d'acier.

Est-ce que par hasard les éoliennes ne seraient pas tout simplement sous-dimensionnées au regard des paramètres mécanique de résistance au vieillissement et aux contraintes ? Juste pour réduire leur coût ?

Pour répondre à ta question.
Je te conseille de lire attentivement l'article suivant :
Sustainable decommissioning of an offshore wind farm

En particulier :

It is highly likely that, before a complete dismantling of the site, repowering or refurbishment options will be studied by the owner/operator. Repowering involves the replacement of the existing turbines into more powerful ones, needing less for the same capacity [8] and after having proof that the site is ideal for exploiting wind energy that the site. It is sometimes taken into account since the very beginning and not as a final decision, and so the seabed is leased for twice as long the usual (40 or 50 years instead of 20–25). Refurbishment involves the replacement of minor elements of the project such as the drivetrain and the rotor and keeping if possible, the tower, foundations and cables. This would allow existing projects to be updated to increase energy production [8]. For the Yttre Stengrund project refurbishment was considered, but due to the difficulty of getting hold of spare parts and the huge costs involved in upgrading the turbines and gearboxes, it became financial and technically unviable and the decision to decommission became relatively straightforward [9].
The designed lifetime of an offshore wind farm is expected to be 20–25 years. During the design stage, considerations should be taken to ease and reduce the decommissioning costs. [...] Repowering can also be considered as a type of decommissioning but with the subsequent installation of more powerful wind turbines (heavier) trying to keep the majority of the electrical system (cables and substations), reducing the capital costs of the new project. The lifetime of the foundations will depend on the type and the loads it receives, and can be projected to last over 100 years for gravity bases [19]. On the electrical side, array and export cables (transmission cables) could last more than 40 years, and the transformers 35 [20]. For a real example, the currently operating Nysted project commissioned in 2003, the prevision was durations up to 50 years for both foundations and transmission cables.

En tant qu'ex.ingénieur mécanique, je pense que c'est surtout les pales et le mât qui prennent cher, soumis à des fortes sollicitations mécaniques avec le vent et le sel...
Mais comme dit le texte, la partie fondation peut durer plus de 100 ans, et la partie électrique plus de 40 ans.
 
OK. Ce chiffre était parti d'une approximation sur l'hypothèse de EDF : 60 milliards € le coût du démantèlement pour 58 réacteurs, donc la puissance totale est de 63 GW. Cependant la commission estime que ce chiffre, sur le terrain, devrait être doubler.
À toi de voir s'il faut aussi revoir le calcul par €/GWh qui me paraît plus judicieux?

Si on double le coût du démantèlement, il suffit de doubler les chiffres que j'ai donné hier.
 
Grigou Grigou : Sur le problématique "pourquoi on fait des démantèlements des éoliennes offshore au bout de 25 ans?".

Si j'ai bien compris, c'est que la technologie des éoliennes a beaucoup beaucoup évolué en 20 ans donc lorsque la durée de vie conçue arrive à sa fin, au lieu de faire un prolongement, on cherche alors à rentabiliser ce "bon" emplacement (comme en immobilier, les premiers endroits construits sont généralement les mieux placées), en installant une nouvelle éolienne beaucoup plus puissante.

turbine_diameter_power(1).gif

Et comme la nouvelle éolienne est plus grande, plus lourde et plus puissante, forcément la fondation et la partie électrique ne peuvent plus supporter. D'où la nécessité de démanteler entièrement le système.

En revanche, dans une dizaine d'années, quand la puissance des éoliennes offshore aurait atteint le seuil max (la maturité), je pense que oui les fournisseurs d'énergie se contenteront de changer la partie structure (le mât et les pales).
 
Un article qui montre bien que l'éolienne offshore est en train de monter en puissance et commence à devenir compétitif :
Eolien en mer : des parcs sans subventions, une première mondiale

Avec le quatrième parc (Gode Wind 3), attribué à Dong avec une prime de 60 euros par mégawattheures (MWh), la subvention moyenne liée à cet appel d'offres de 1,550 GW ressort à 4,4 euros/MWh. Elle s'ajoutera pour les énergéticiens au prix de marché de l'électricité au moment où les parcs seront mis en service, soit entre 2021 et 2025.
A titre indicatif, le prix de marché s'est élevé l'an dernier à 29 euros/MWh en moyenne en Allemagne : à ce prix, l'électricité de ces parcs ressortirait à 33,40 euros, hors raccordement - un record absolu.

Le précédent record de l'éolien en mer avait été établi en novembre 2016 sur le parc danois de Kriegers Flak, par Dong et Vattenfall, au prix (fixe) de 49,90 euros/MWh pour l'électricité vendue sur une durée estimée à douze ans. Ce prix s'entend hors raccordement au réseau, « qui peut représenter dans ces pays entre 10 et 15 euros/MWh », indique Vincent Balès, directeur général de WPD Offshore France. Il n'en reste pas moins très inférieur aux prix obtenus en France, où les six parcs représentant 3 GW bénéficieront de 180 à 200 euros/MWh.
 
Encore plus compétitif :
ENGIE remporte un projet solaire de 338 MWc en Inde A l’issue d’un appel d’offres très concurrentiel, en Inde, ENGIE - via sa filiale Solairedirect India - a remporté hier un projet solaire d’une capacité totale de 338 MWc1.
ENGIE a proposé l’offre la plus compétitive à 3,15 roupies/kWh (environ 48,7$/MWh). Le parc nommé NTPC Kadapa sera construit dans l’Etat d’Andhra Pradesh, au sud de l’Inde, et sa mise en service est prévue mi-2018. Cet appel d’offres a fait l’objet d’un processus d’enchères à la fois rapide et très compétitif avec la participation de 7 développeurs indiens et internationaux, et témoigne de la forte baisse des prix de l’énergie solaire en Inde. Il s’inscrit dans la National Solar Mission – phase II, programme lancé par l’Etat indien en 2010 pour développer à grande échelle la production d’énergie solaire et atteindre 100 GW de capacités solaires d’ici 2022.
Avec ce projet, ENGIE disposera en Inde d’une capacité totale de 810 MWc et conforte sa position d’acteur majeur du solaire compétitif.

Comme quoi la solution française du titre est en train de changer :p
 
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Le point de vue de l'académie des sciences sur la transition énergétique. En gros, le point de vue de scientifiques qui ont étudié le sujet, et pas de politiques qui cherchent des voix. La polémique nucléaire mise à part (ils y sont favorables), ils expliquent surtout la réalité des énergies renouvelables :
Libres points de vue d'académiciens sur les réalités de la transition énergétique | Libres points de vue d'académiciens | Nous connaître

(il faut cliquer sur le lien du pdf)
 
C'est pour toi artur artur :

L'Autorité de sûreté nucléaire a transmis à EDF des éléments rassurants sur la conformité de la cuve de la future centrale.

C'est une bonne nouvelle pour EDF et l'ensemble de la filière nucléaire française, suspendus depuis des mois à la décision de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur l'intégrité de la cuve de l'EPR de Flamanville (Manche), le réacteur de nouvelle génération actuellement en chantier.

Source : Vers un feu vert pour l'EPR de Flamanville

J'ai discuté avec un collègue qui a travaillé très longtemps sur le nucléaire.
Il m'avait expliqué que, selon ses sources, les "jeunes" ingénieurs ASN auraient paniqué pour rien car ils ne maîtrisaient pas tous les connaissances sur ce sujet. Les marges de sécurité seraient suffisante pour couvrir le défaut de fabrication.
Bon maintenant, croisons les doigts pour qu'il ait raison.
 
Hello à tous,

J'ai trouvé une image intéressante illustrant la situation de l'énergie nucléaire en Europe :

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Grâce à cette discussion, j'ai évolué dans ma réflexion sur l'énergie nucléaire, sur les réseaux sociaux, j'ai même défendu la position comme quoi il ne faut pas chercher à aller immédiatement vers le 100% énergie renouvelable.
Notamment pour la baisse de CO2 (que certains font l'amalgame : énergie renouvelable = moins de CO2, c'est surtout faux pour la France. Merci aussi à FoLuxo FoLuxo de m'avoir beaucoup éclairé sur le sujet).

Cependant, la situation de EPR semble assez inquiétante, malgré le feu vert, on sent une réticence de ASN sur la sécurité :
EPR de Flamanville: un rapport met en garde EDF sur la fiabilit du couvercle de la cuve

En gros, ASN estime que le couvercle de l'EPR n'est pas fiable et il faudrait pas pousser à la puissance maximale du réacteur.
De plus, il serait judicieux de le changer dans quelques années, d'après la préconisation.

Bref, on dirait presqu'elle parle d'une voiture Renault début série. o_O
 
Pour cotoyer les loulous, si l'ASN estimait qu'il y avait un danger avec le couvercle de la cuve, je vous assure que le réacteur ne démarrerait pas. Par contre ils se posent des questions sur la façon dont va vieillir la cuve au cours des 60 ans de vie du réacteur (parce que le vieillissement des matériaux et donc de leurs caractéristiques mécaniques, qui doivent être suffisante pour supporter les contraintes liées à un accident, est difficile à prévoir à l'avance). D'où l'idée d'autoriser la mise en service actif avec surveillance renforcée. C'est un peu le nouveau dada de l'ASN ces derniers temps (et c'est plutôt bien, parce que la modélisation numérique a ses limites et rien n'est plus réel que la réalité).

De toute manière ne vous inquiétez pas, les accidents n'arrivent pas sur les points étudiés et surveillés, ils arrivent sur ce qui n'a pas été prévu ou étudié...

Ce qui est amusant dans le nucléaire, c'est que plus c'est sécurisé, plus ça inquiète les gens. C'est comme si on disait que le fait de faire aujourd'hui des crash tests, des structures renforcées, des airbags, des ESP, des freinages automatiques, c'est bien la preuve que les voitures sont plus dangereuses qu'avant...
 
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