Les mensonges du nucléaire

Le mythe : on déborde de déchets nucléaires, il y en a des montagnes ! On n'a aucune idée de quoi en faire ! Nos descendants vont devoir gérer ça pendant des millénaires ! Tout est secret, on nous cache tout onoudirien !

Là encore, on exagère beaucoup un problème qui est mieux géré que la plupart de ses équivalents, et ce en toute transparence.

Les marchands de peur chez Greenpeace avaient fait une carte bidon des endroits où sont déposés les déchets radioactifs. La presse s'est dépêchée de reprendre leur communication :
  • BFM à "dévoilé" la carte (parce que le nucléaire c'est secret)
  • France Inter l'a publiée avec une interview de Greenpeace à charge et sans une opinion contradictoire
  • Capital a ajouté une imbécilité à pleurer ("les déchets nucléaires sont le fléau des autorités françaises. La plupart du temps, elles ne savent pas quoi en faire et les stockent dans différents points de stockage")
  • Le Parisien en a ajouté une couche dans l'opinion ridicule ("Qui n'a pas un jour glissé un peu de poussière sous le tapis ? C'est exactement ce que fait la France depuis soixante ans avec ses déchets nucléaires. À défaut de tapis, le pays les entrepose à droite à gauche. Sans toujours trop savoir quoi en faire.")
Donc si jamais vous randonnez et que vous voyez une montagne qui brille dans le noir, c'est sans doute les déchets "entreposés à droite à gauche". Merci Le Parisien pour la qualité de l'info.

Greenpeace a choisi d'exclure de leur carte bidon les déchets médicaux ou industriels (cf. plus bas), soit 30% des déchets. Sans doute parce que ce sont des déchets sympathiques et inoffensifs, alors que ce qui vient de l'électricité, c'est mal. Ils ont aussi choisi de compter comme déchets l'uranium de retraitement et l'uranium appauvri que je mentionnais plus haut, même si ce ne sont pas des déchets, parce qu'il faut bien charger la mule. Ensuite, ils ont littéralement ajouté des puces au petit bonheur pour remplir la carte dans les endroits qui leur semblaient vides - ce sont les routes où des camions peuvent passer.

Bref, une communication aussi honnête que leur allégation que le nucléaire est mauvais pour le climat.

L'agence d'état qui gère les déchets s'appelle ANDRA, et pour les gens intéressé (les journalistes par exemple, mais apparemment ils n'ont pas le temps) toutes les infos y sont publiées ; à la fois accessibles et détaillées. Par exemple, on y trouve depuis des lustres... une carte et l'inventaire exhaustif et détaillé des déchets.

Bon, après cette introduction, rentrons dans le vif du sujet. Comme toujours, il faut déjà savoir de quoi on parle - c'est quoi les fameux déchets ? Ça ressemble à quoi ? Il y en a combien, on en fait quoi ?

Alors déjà ça ressemble à ça :

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(oh mais c'est frg62 frg62 :mdr: )

Le seul truc que vous pouvez déjà exclure, c'est que ça ressemble à ça... Les associations anti-nucléaires ont réussi leur communication de façon magistrale - tout le monde a en tête la caricature, mais personne ne sait de quoi on parle...

Alors c'est quoi ? Ça vient d'où ? Et ça va où ?

Les déchets radioactifs ont plusieurs sources : centrales nucléaires, recherche, médecine, armée et industrie principalement. Pour simple rappel, il y a des chances qu'on consomme tous régulièrement de la nourriture qui a été irradiée. L'industrie utilise aussi beaucoup la radioactivité : si jamais vous vous demandiez comment Bic vérifie le remplissage des briquets opaques, maintenant vous le savez :) Moins rigolo, la médecine utilise aussi des sources radioactives, pour regarder à l'intérieur des gens ou les traiter.

Du coup ça nous donne ça en termes de "générateurs de déchets" en France :

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Même sans centrales, c'est un problème qui doit être géré correctement. Et ça tombe bien :)

Les déchets sont classifiés sur deux axes : celui de leur niveau de radioactivité (est-ce que ça émet beaucoup de rayonnement ou pas) et celui de leur durée de vie (la radioactivité disparaît naturellement après un certain temps plus ou moins long).

(Pour ceux qui ont séché la physique en lycée, tous les produits radioactifs ont une "période" ou "demi-vie" au bout de laquelle la moitié de la radioactivité disparaît. On considère qu'après 10 demi-vies, il n'y a plus de radioactivité suffisante pour nous emmerder)

En résumé ça donne ça - plus on est en bas et à droite, plus c'est méchant :

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Bon, tout ceci étant dit, à quoi ressemblent ces MONTAAAAAGNES de déchets ?

Un certain @laydgeur sur twitter a fait une représentation des volumes dont on parle pour nous donner une idée de la taille de la montagne :

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Ça, c'est TOUS les déchets radioactifs (toutes sources confondues) produits en France et qui s'y trouvent aujourd'hui. Oui, les 5 cubes en bas de l'image. Tout est là.

Si on s'approche un peu (sur la carte on ne risque rien :))

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Alors déjà, le gros cube vert : les Très Faible Activité. On s'en fout royalement. Mais alors, rien à cirer. Pourquoi ? Parce que le même volume de granit, genre une petite colline en Bretagne, est plus radioactif ! Mais comment se peut-ce ? On s'amuse à traiter des machins innofensifs de déchets radioactifs ?!

Tout à fait. La France est le seul pays au monde qui n'a pas de "seuil de libération". Dans tous les autres pays, les déchets sont traités en fonction de leur radioactivité réelle. En France, ce n'est pas le cas : c'est un déchet radioactif si ça sort d'une zone nucléaire. Si on rentre avec un bloc-notes dans la zone nucléaire d'une installation, en sortant, le bloc-notes est devenu un déchet radioactif. Et le stylo. Et les gants. Et les sur-chaussures, la blouse, et tout ce qu'on a trimballé en entrant. Peu importe si ça a été contaminé ou pas. Et surtout, les gravats des bâtiments, les structures métalliques : même tarif, pour des volumes énormes. Dans les autres pays, on recycle via les filières classiques de tas de choses comme les gravats et la ferraille (c'est strictement défini et encadré, hein, on n'est pas dans les Simpson). En France, on les appelle les déchets "Très Faible Activité" ; il est interdit de recycler. Encore un coup du lobby nucléaire qui voulait faire son intéressant sans doute. Evidemment, EDF demande l'introduction de seuils de libération en France, mais l'état est réticent : que dira Greenpeace ? Et on les comprend, il ne faudrait pas fâcher le Camp du Bien Autoproclamé.

Alors ils finissent où ces déchets radioactifs qui ne sont pas radioactifs ?

Le tout se trouve sur un seul site, dans l'Aube : c'est le CIRES, géré par l'ANDRA.

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C'est une suite de tranchées parallèles, avec un toit mobile en forme de serre au-dessus de la tranchée actuellement utilisée. Une fois une tranchée pleine (on y enterre au fur et à mesure les déchets compactés dans des fûts), on recouvre de sable, d'une membrane étanche et d'une couche d'argile et on déplace le toit vers une nouvelle tranchée.

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Il y a plus d'images ici et une page qui explique ça en détails ici.

Bref, c'est une sorte de décharge classique, mais gérée proprement :mdr:

Ça, c'était le cube vert, les Très Faible Activité.

On passe au cube mauve : les Faibles et Moyenne Activité à Vie Courte. C'est le plus gros morceau en volume. Vie courte, ça veut dire <31 ans de demi-vie ; autrement dit, des déchets potentiellement dangereux pendant 300 ans (10 demi-vies). Ce sont surtout les équipements (gants, outils) dont on est sur qu'ils ont été contaminés.

Pour ceux-là, c'est un peu le même principe, avec la différence qu'il faut garantir pendant 300 ans que le stockage sera géré proprement. Il n'y a que très peu de radioactivité, mais on ne prend pas de risque.

Entre 1969 et 1994, on a stock les FMA-VC (et aussi des TFA) au Centre de Stockage de la Manche, à La Hague. En 1994, le centre étant arrivé à la capacité maximale, on a commencé à utiliser le Centre de Stockage de l'Aube. La présentation officielle est bien faite.

En gros, ce sont des grands hangars où on on dépose des fûts ou des colis en béton qui contiennent les matières compressées. Une fois qu'un "logement" est plein de fûts ou de colis, on remplit de béton.

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Si 300 ans semblent beaucoup, il faut se dire que le métro de Paris a 120 ans et il est aujourd'hui en meilleur état qu'au démarrage : on entretien et on modernise.

Donc sur la fameuse montage de déchets, avec ces trois sites en France, on gère déjà 90% du volume de déchets depuis 60 ans. Et il se trouve que ces 90% ne sont quasiment pas radioactifs au final : les deux sites ensemble, c'est 90% des volumes, mais environ 0,01% (!) de la radioactivité des déchets, qui disparaît après moins de 300 ans. Autant dire rien.

On le comprend mieux en regardant le tableau suivant : le gros cube vert c'est tout en bas (TFA), et le cube mauve c'est juste au-dessus (FMA-VC)

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On finit ce post sur le troisième cube, l'espèce de brun orange : les Faible Activité à Vie Longue.

C'est plus ou moins un détail, dans le sens où là aussi c'est 0,01% de la radioactivité des déchets, pour un volume faible - environ 7% du total. Il s'agit surtout du graphite sorti des anciens réacteurs UNGG que j'évoquais plus haut, en cours de démantèlement, ainsi que des déchets très spécifiques (radifères) dont le volume n'augmente plus. Le volume des FAVL va augmenter lorsque EDF va démanteler l'ensemble des UNGG, mais pour l'instant ils sont en discussions avec l'autorité de contrôle, pour décider comment s'y prendre. L'ennui n'est pas la radioactivité, très faible, mais la durée de vie : le radon a une période de 1600 ans, donc il faut attendre 16.000 pour retrouver un niveau "acceptable".

Il n'y a pas de décision encore sur comment ces déchets seront traités, mais il est probable qu'ils finiront dans un enfouissement en sub-surface, par exemple à 150m sous terre. Ca reste à déterminer, y compris l'endroit pour ça. Mais au vu des niveaux de radioactivité, ça ne m'empêche pas vraiment de dormir.

Il reste donc deux cubes à détailler, et là on arrive enfin à la partie vraiment radioactive et pénible.

Ça mérite un post séparé :mdr:
 
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Passionnant, et renversant !
Tu ne vas pas me dire que tu as appris des trucs ? Vu comment on nous bassine avec les déchets nucléaires un peu partout, j'imagine que tout le monde est au courant de tout ça :mdr:

Je choisis d'en rire mais en réalité j'enrage de voir la désinformation non-stop qui a infiltré les médias. Tout ce qu'il faut pour subvertir une démocratie, c'est qu'une ONG envoie en permanence des articles de presse tout faits. Par facilité ils sont repris et ils deviennent la description de la réalité pour la majorité du public. Après, il faut ramer pour expliquer...

Et la façon de faire est imparable :
ONG : "de la merde à propos d'un sujet"
Expert : "euh - c'est plus compliqué que ça, et il y a plein d'inexactitudes et d'exagérations dans vos propos"
ONG : "espèce de lobbyiste ! Si vous êtes contre l'écologie, c'est que quelqu'un vous paie !"

La défense ne porte jamais sur les arguments, mais sur les motivations supposées du contradicteur. Imparable.

Bon, j'ai édité mon post au-dessus pour ajouter le troisième type de déchets, les Faible Activité à Vie Longue. Eh oui, les modérateurs peuvent modifier les posts sans limite dans le temps. Parce que ce forum, tout comme le nucléaire, n'est pas démocratique :mdr:
 
Suite et fin du sujet sur les déchets.

On passe aux deux derniers cubes.

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Ce sont les deux lignes du haut du tableau :

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Là pour le coup fini de rire - c'est de la merde, en particulier les haute activité. Ce sont ceux pour lesquels il ne faut pas rater son coup.

Les déchets Moyenne Activité - Vie Longue (cube pourpre) et Haute Activité - Vie Longue (cube rouge) proviennent tous les deux du combustible usé par les réacteurs.

Pour ceux qui suivent, en France on retraite les combustibles usés : on retire les 95% d'uranium restants, le 1% de plutonium ; ce qui reste, c'est les déchets. Les MAVL, c'est les gaines en métal qui contenaient des pastilles d'uranium ; les HAVL, c'est ce qui reste de l'uranium qui s'est "décomposé" en produits de fission et actinides mineurs. C'est ça, les "vrais" déchets nucléaires. A eux deux, ces cubes rouge et pourpre concentrent quasiment 100% de la radioactivité des déchets nucléaires, pour <4% du volume total.

Déjà quelques mots pour voir comment cette industrie "tellement opaque" est arrivée à la solutions actuelle. Parce qu'il y a un paquet de personnalités, politiques ou ONG, qui n'arrêtent pas de pleurer que ça aurait été fait de façon non démocratique, en douce etc.

En mai 1991, un projet de loi concernant la gestion des déchets radioactifs arrive à l'Assemblée. C'est la loi Bataille (d'après le rapporteur socialiste Christian Bataille). La loi est débattue à l'Assemblée et au Sénat et elle est votée le 18 décembre 1991.

La loi prévoit un projet de 15 ans de recherches sur les déchets à vie longue, pour savoir laquelle des trois options présentées est la plus adaptée :
  • transmutation en autre chose
  • entreposage en surface (un peu comme le CIRES au-dessus qui gère "le cube vert")
  • stockage en profondeur ("enfouissement en couche géologique profonde")
La transmutation consiste à soumettre les déchets à des rayonnements de neutrons pour accélérer leur radioactivité et les faire se transformer dans des composés moins pénibles (vie plus courte et/ou radioactivité plus faible). Pour ça, il faut incorporer les déchets dans une matrice qui est ensuite soumise aux rayonnements d'un réacteur piloté par accélérateur (ADR) ou un d'un réacteur à neutrons rapides (RNR). Mais on n'a ni l'un ni l'autre : on n'a aucune matrice qui résiste à ces rayonnements, on n'a jamais construit un ADR, et le seul RNR qu'on avait a été fermé par Jospin (SuperPhénix). C'est ballot.

L'entreposage, c'est garder les déchets en surface et sous la main, en espérant que la science trouve une meilleure solution. C'est du "temporaire long" sans date de fin. Cette option correspond à faire porter la responsabilité de la gestion aux générations suivantes. Ils devraient entretenir le site, conserver l'information du contenu, et appliquer un éventuel traitement que la science pourrait découvrir un jour.

Enfin, le stockage, c'est creuser un trou profond à un endroit qui ne bouge pas, y mettre les déchets et refermer. Suivant qu'on veut faire du "réversible", il faut aussi prévoir une façon d'aller rechercher les déchets pour les récupérer ; par exemple si justement la science a trouvé une meilleure méthode de traitement. Mais le principe du stockage, contrairement à l'entreposage, c'est qu'il est définitif.

En 2006, au bout des 15 ans, les chercheurs demandent plus de temps. La loi 2006-739 leur donne un rab jusque 2012.

L'ANDRA remet donc le rapport de ces 21 ans de recherche en 2012. Ils proposent le choix de la solution 3, le stockage en profondeur. En 2013, il y a un débat public sur le sujet. Après le débat, en 2016, une nouvelle loi est votée par le Sénat et l'Assemblée. Elle définit ce qu'est le projet de stockage, CIGEO.

Bref : le Parlement a demandé d'explorer les options, il y a eu 21 ans de travaux de recherches ; les résultats ont été discutés au Parlement puis lors d'un débat Public, et le parlement a voté. C'est comme ça qu'a été créé CIGEO. Bon à savoir quand un député ou une ONG vient maintenant pleurer sur la supposée absence de discussions pour choisir la solution actuelle, ou le fait que ce serait une décision d'EDF.

Donc la solution retenue par la France pour les déchets de haute activité, comme par quasiment tous les autres pays, c'est l'enfouissement dans CIGEO.

Le premier travail de l'ANDRA a été de trouver un endroit géologiquement stable pour creuser. Ils ont étudié plusieurs terrains en France avant de choisir l'argile de Bure, en Meuse.

Pour l'instant, il n'y a jamais eu un seul colis radioactif dans CIGEO. L'ANDRA continue les études sur place et analyse la tenue dans le temps de l'argile etc. Personne ne veut reproduire le fiasco allemand de la mine de Asse : pour faire simple, ils ont voulu réutiliser une mine de sel abandonnée pour du stockage géologique profond, mais assez vite il y a eu des infiltrations d'eau et le projet est parti en sucette. Donc l'ANDRA préfère avoir des certitudes plutôt qu'une solution rapide.

A quoi ça va ressembler :

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Pour l'instant, c'est surtout un laboratoire souterrain :

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Il y a plusieurs youtubeurs qui sont allés faire des reportages ; le plus intéressant et impartial me semble être Le Réveilleur, une des meilleures chaines de vulgarisation françaises sur l'énergie. Il a décrit sa visite et le site sur son blog. Ça vous permet d'avoir une idée de ce à quoi ressemblent les déchets en question, et comment l'ANDRA compte les gérer dans CIGEO. Il répond aussi aux questions classiques (comment garder la mémoire du site ? Combien de temps il faut stocker tout ça ? etc.)

Je veux juste préciser un chiffre : le site doit assurer que les déchets ne reviennent pas en surface ou au contact de la nappe phréatique (les deux risques) pendant 100.000 à 300.000 ans. C'est un chiffre très impressionnant au vu de la durée de vie de notre civilisation. Mais la couche géologique en question est en gros stable depuis 100 à 300 millions d'années ; c'est mille fois plus. Ca revient à observer le comportement sur 24 heures et supposer que les 90 secondes qui suivent seront similaires.

Le stockage se fera à sec et sans ventilation, donc les déchets devront avoir refroidi suffisamment avant d'être stockés. Ça veut dire une attente d'environ 50-60 ans en surface avant d'enfouir les colis de déchets. On a encore un peu de temps devant nous pour nous assurer qu'on a choisi le bon site...

En attendant CIGEO, les colis sont entreposés temporairement à la Hague. Il y a quatre bâtiments comme celui-ci qui accueillent tous les déchets haute activité de la France depuis bientôt 50 ans : le cube rouge est sous les pieds du monsieur, répartis dans des colis qui se trouvent dans les puits de 12m de profond. Le tout est super bien expliqué ici.

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(je suis à peu près sûr que si on éteint la lumière, il ne brille pas dans le noir : il n'y a pas de radioactivité en plus de celle naturellement présente)

J'arrête ici sur le sujet - ou presque. Je n'ai jamais mentionné les célèbres piscines. A l'usine de la Hague, le combustible usé arrivant des centrales doit refroidir plusieurs années dans une piscine avant de pouvoir être traité. C'est cette piscine qui n'arrête pas de saturer quand on lit la presse : chaque année, Greenpeace envoie ses communiqués de presse bidon qui déforment les propos de l'ASN et de l'IRSN, mais qui sont repris par les journaux.

en 2017, ça saturait déjà
en 2018, ça saturait encore
en 2020, ça sature toujours

Il y a d'innombrables articles sur le sujet, qui expliquent assez mal qu'il y a deux sujets très différents :
- au rythme actuel, les piscines seront remplies vers 2030. EDF le sait parfaitement, et ils veulent construire une piscine supplémentaire ; ils voulaient le faire dans la centrale de Belleville, mais au vu de l'opposition locale ils ont abandonné le projet. Ils comptent maintenant en faire une de plus à La Hague.
- il y a un autre risque : si l'usine de la Hague arrête de retraiter du combustible (incendie ou autre), la piscine sera remplie en moins de deux ans. A partir de là, EDF n'aura plus où évacuer les combustibles usés des centrales. Ce risque existe depuis le début du retraitement, mais la durée de deux ans diminue avec le remplissage de la piscine.

La solution est donc clairement définie et elle est en route - c'est la deuxième piscine.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur le sujet, mais pour ce soir c'est déjà pas mal :)
 
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En conclusion de ces longs posts, et j'espère pas trop chiants :

- la "montagne" de déchets, c'est du bullshit. En grosse partie, le volume de déchets est du au manque de seuils de libération en France. Tous les autres pays, même l'Allemagne, anti-nucléaire par essence, les ont mis en place. Évidemment les ONG s'y opposent. Ils demandent également l'arrêt du retraitement du combustible, histoire de multiplier le volume de déchets HA par 20... Et même avec des seuils de libération, l'énorme majorité de déchets ne pose aucun problème sérieux.

- les "déchets nucléaires partout" c'est du bullshit. Les "vrais" déchets qui posent problème, les HA, sont tour à tour dans les endroits suivants : les réacteurs en exploitation, puis la piscine de la centrale (18 mois), puis la piscine de la Hague (7-8 ans), puis l'entreposage en puits à la Hague. Dans quelques (dizaines d') années ils seront enfouis à Bure dans CIGEO. Un site pour tous les déchets français de 100 ans d'exploitation...

- le "on ne sait pas quoi en faire" c'est du bullshit : pour 90% des déchets on le fait déjà ; pour les 10% restants, on a un plan en cours d'exécution pour la moitié dangereuse (CIGEO) et on s'occupera des 5% moins dangereux d'une façon similaire.

- la "charge pour les générations futures sur des milliers d'années" c'est du bullshit (300 ans pour les déchets les moins sérieux, et une centaine d'années pour CIGEO). Comble de la mauvaise foi : Greenpeace est contre l'enfouissement, ils demandent un entreposage en surface. C'est Greenpeace qui demande de porter la charge des déchets sur les générations à venir. Et les déchets ultimes chimiques, qu'on gère de la même façon (on creuse et on enfouit) peuvent rester toxiques infiniment...

Ça fait 50 ans qu'on gère des déchets en France. Il y a eu un seul mort à cause d'eux : un jeune militant qui s'est mis sur les rails devant un train de déchets ; pour les associations, il a été "assassiné par la société nucléaire".

Le nucléaire gère ses déchets et fait en sorte qu'ils ne soient pas un problème pour l'humain ou l'environnement. C'est dommage qu'on n'ait pas le même niveau d'exigence pour les autres producteurs d'électricité.

Cadeau bonus :

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Les déchets embêtants, les HA, c'est 5 g par an et par habitant. On génère 20.000 fois plus de déchets chimiques toxiques...
 
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N'y auarit-il pas moyen qu'une chaîne sérieuse diffuse une émisson à ce sujet, en compilant tous ces faits et en exposant tous les arguments ? (et pas à 2h du matin ou en même temps que la finale de la coupe du monde, svp)?
Peut être cela a déjà été fait?

SInon, tout ce qui touche aux rayonnements est délicat et beaucoup de non sens, fausses croyances et autres circulent et sont entretenues.

Par exemple, vous pouvez faire plusieurs radiographies avant d'atteindre la dose de rayonnement recue pendant un voyage en avion...
J'ai un collègue médecin, qui me relate souvent que des patientes enceintes refusent des radios (même dentaires), mais expliquent qu'elles
vont passer des vacances aux canaries avant que le foetus n'atteigne 6 mois...
 
Ça demande beaucoup de temps d'expliquer tout ça, et ça demande des efforts de compréhension....

En France, il y avait les C'est Pas Sorcier qui étaient pas trop mal, deux épisodes en particulier :

L'énergie nucléaire avec la centrale de Chooz.
Les déchets avec la centrale de Cattenom et un second épisode.

On y voit beaucoup d'images que j'ai mises plus haut, Fred se balade même à un moment dans la salle où sont stockés les HA.

Pour les rayonnements en avion : ils sont beaucoup plus forts que ce qu'on subit en se promenant dans la zone évacuée de Fukushima... J'avais mis un graphique rigolo ici. Et ils restent pourtant inférieurs à la radioactivité naturelle de beaucoup d'endroits sur Terre, dont certains sont habités.

Tant qu'on ne connaît pas les ordres de grandeur dont on parle, c'est normal de se méfier. Mais exploiter l'ignorance et désinformer, c'est criminel...
 
En France, il y avait les C'est Pas Sorcier qui étaient pas trop mal, deux épisodes en particulier :
Pourquoi ne pas avoir continué cette émission du service publique, qui était presque parfaite pour la vulgarisation scientifique; certainement pas assez rentable!! Heureusement les deux présentateurs continuent sur leur lancée mais c'est plus diffus (exp : Le monde de Jammy).
Dommage que la grande majorité de nos concitoyen (question d'éducation?) préfèrent le divertissement abrutissant à la connaissance !!
 
Un grand merci pour toutes ces explications qui éclairent très utilement ma lanterne! C'est passionnant et très bien vulgarisé. Et oui "C'est pas sorcier" c'était génial, ça a bercé une partie de mon enfance et j'ai prévu de faire découvrir à mes enfants quand ils seront un peu plus grands (merci Youtube).
 
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Bon, j'ai édité mon post au-dessus pour ajouter le troisième type de déchets, les Faible Activité à Vie Longue. Eh oui, les modérateurs peuvent modifier les posts sans limite dans le temps. Parce que ce forum, tout comme le nucléaire, n'est pas démocratique :mrgreen-48:
Et au moment d'éditer, qu'as-tu pensé de cette possibilité d'éditer "à moyen terme" que le vulgus pecus a perdue, et que vous les modos ont gardée ?
Elle est utile ? Bien pratique ? Superflue ? Il faut la laisser aux modos ? Elle serait dangereuse si on la redonnait au bas-peuple ?

Désolé pour le HS, mais c'est toi qui as commencé :mrgreen-48: ... mais encore bravo pour ce sujet, il va beaucoup me servir dans de futures discussions avec mon gendre très écolo (et il a bien raison) mais dont je ne connais pas encore l'avis sur le nucléaire : tu m'as fourni de quoi entamer une solide conversation avec lui !
 
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Avec Mme Pompili qui vient d'être nommée ministre de l'écologie, ce topic risque d'être alimenté les deux prochaines années :-|
 
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Le "rapport" de Mycle Schneider dont elle parle dans son premier message, c'est un ramassis de mensonges éhontés dont j'avais déjà parlé sur le forum. Littéralement chaque argument est biaisé, partiel ou orienté, sinon carrément mensonger. Le dogme du parti à l'état pur :


Il faut savoir que les imbéciles du GIEC, qui ne connaissent apparemment rien au réchauffement, ont établi 300 scénarios pour limiter le réchauffement climatique à +1.5°C. Sur ces 300 scénarios, 285 font augmenter la capacité nucléaire mondiale, suivant le scénario ça va de +100% à +500% de nucléaire de mémoire.

Mais comme on a maintenant une ministre ex adhérente de EELV, on va montrer au GIEC son incompétence sur les sujets de l'énergie et on va faire le contraire de ce qu'ils conseillent. Je ne vois pas comment ça pourrait mal se passer.

Mme Pompili avait également été rapporteur de la commission d'enquête parlementaire sur la sûreté nucléaire en 2018. Le rapport final est blindé d'erreur majeures, au point qu'EDF a du se fendre d'une réponse de 29 pages, uniquement pour les plus criantes de ces "erreurs" dictées par l'idéologie. La conclusion de cette réponse est assez claire :

"sur la partie Sûreté du rapport, des pages 23 à 65, EDF relève 38 verbatim issus des acteurs du nucléaire (EDF, ORANO, CEA, ASN, IRSN), factuels et mettant en évidence les points positifs mais aussi les points de progrès à mettre en œuvre, contre 60 verbatim, tous négatifs, issus de personnes ou associations anti-nucléaires."

J'espère que la question du réchauffement ne vous tracasse pas trop, parce que la France va commencer à mettre le pied sur l'accélérateur.
 
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La raison est une chose, la politique en est une autre ...:emoticon-0106-crying:
 
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Mme Pompili avait également été rapporteur de la commission d'enquête parlementaire sur la sûreté nucléaire en 2018. Le rapport final est blindé d'erreur majeures, au point qu'EDF a du se fendre d'une réponse de 29 pages, uniquement pour les plus criantes de ces "erreurs" dictées par l'idéologie.
J'ai parcouru le rapport Pompili et à ma grande surprise je n'ai pas perdu mon temps. Le sujet est supposé être un état des lieux de la sûreté du secteur en France. La rapporteur étant très anti-nucléaire, ça déborde largement sur les coûts, les délais, les déchets, la pertinence des choix techniques...

Le sommaire page 5 donne le ton quand on voit le titre des chapitres et paragraphes : le nucléaire français, c'est le grand n'importe quoi, rien n'est certain, le pire est probable !

Du coup les préconisations p. 193 ne sont pas du tout raccord : après avoir raconté sur des dizaines de pages que c'est le bazar, on a 33 mesurettes sans chiffrage, sans objectif, et surtout avec une portée limitée. Même moi je suis d'accord avec la plupart d'entre elles... La montagne accouche d'un microbe.

Mais la partie la plus palpitante à lire, c'est à partir de la page 209 : les membres de la commission débattent du rapport avant de le voter. On a le verbatim de la discussion, on voit que le débat a été animé et on en lit des belles : après des mois de travaux, les députés de la commission ont eu 2 jours pour consulter les 200 pages et les commenter... Ils se plaignent tous de ce délai et demandent un report du vote pour pouvoir se prononcer sérieusement. Il y en a deux, calés techniquement, qui remontent un paquet d'erreurs factuelles. Plusieurs soulignent que le rapport a repris les propos des personnes auditionnées de façon très différente : les anti-nucléaires (deux tiers des intervenants) ont pu dire ce qu'ils voulaient ; les exploitants (EDF, Orano, ...) ont été systématiquement challengés et leur propos ont été filtrés.

Et les réponses de la rapporteur sont magnifiques : de toute façon tous les rapports parlementaires contiennent des erreurs ; on ne va pas reporter le vote, sinon le rapport sortirait pendant la coupe du monde de foot ; j'ai un ressenti personnel sur le nucléaire et je veux qu'il ressorte dans le rapport même si ça ne vous convient pas.

Deux ans après, elle est devenue ministre de l'écologie, en charge des questions énergétiques.
 
Reste à espérer que ses camarades (économie, travail et budget) vont réussir à gérer les conséquences de ses idées... En espérant que le sujet du réchauffement les intéresse un minimum. Mais je ne suis pas confiant : le nucléaire n'a pas bonne presse (c'est le cas de le dire), la Convention citoyenne ne l'a pas du tout sanctuarisé, et il n'est tout simplement plus à la mode en France... Il faut beaucoup de courage politique pour le défendre et de ce point de vue Macron a du être échaudé par les gilets jaunes.

Il est déjà clair que lui-même ne prendra aucune décision au cours de son (premier ?) mandat sur la question du remplacement du parc actuel.
 
Ca aussi c'est la mode : copier ce que font les Allemands , sauf que nous n'avons pas des montagnes de lignite à brûler!! o_O